Le président de la République a rallié la France à l’objectif européen de « Fit for 55 » en s’engageant à ce que le pays réduise ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 55 % d’ici à 2030. Le défi est immense. J’y adhère. Mais avec l’intime conviction qu’on ne le relèvera pas en agissant de façon centralisée et technocratique. C’est malheureusement l’approche choisie dans ses COP régionales [Conferences of the Parties, NDLR].

En effet, le secrétariat général à la planification écologique (SGPE) a produit treize tableaux Excel qui, pour chaque région, cartographient d’en haut les efforts à faire en bas. Ainsi demande-t-on à l’Île-de-France – qui compte déjà parmi les régions qui ont les plus faibles émissions domestiques –, de les diminuer de 46 % d’ici à 2030 alors qu’elle les a déjà baissées d’un quart entre 2005 et 2019.

Loin de la croissance durable, c’est la décroissance programmée. Les Verts en rêvaient, les technocrates sont partis pour la faire ! Oui à la décarbonation mais non à l’écologie hors sol ! Les Gilets jaunes l’ont crié. Les agriculteurs l’ont dénoncé. Face à une écologie autoritaire et déconnectée des réalités, ils ont tiré une sonnette d’alarme que le gouvernement doit finir par entendre.

Une région sobre, circulaire, qui ménage ses ressources

En Île-de-France, je n’ai pas attendu l’État pour agir. Pionniers, nous l’avons été en devenant la première région à se fixer l’objectif d’être une région zéro artificialisation nette (ZAN) en 2050 avant même que la loi ne l’exige. Et pourtant, l’Île-de-France ne représente que 5 % de l’espace artificialisé pour 18 % de la population française !

Pionniers, nous l’avons aussi été en matière de décarbonation. Notre objectif d’être une région zéro émission nette (ZEN) porte ses fruits : nous ne comptons que pour 9 % des émissions nationales alors que nous produisons plus de 30 % du PIB et nos consommations énergétiques baissent dans tous les domaines à un rythme supérieur à la performance nationale.

À LIRE AUSSI Stratégie énergie et climat : en route pour un énième « grand débat » ! La révolution des transports que j’ai engagée nous permettra, fin 2025, d’être la première métropole européenne aux transports en commun totalement décarbonés. Les résultats sont là, avec une baisse de la concentration des polluants dans l’air de 30 % en dix ans. La région que nous dessinons offre logement, travail et services « à 20 minutes ». C’est une région sobre, circulaire, qui ménage ses ressources.

Sur le terrain, nous faisons nos preuves sans avoir besoin que l’État nous dise de le faire et comment le faire. Alors, je demande de la confiance mais aussi une prise de conscience du réel. Championne en bien des domaines, l’Île-de-France est cependant l’une des régions les plus jeunes de France, avec 18 % de sa population sous le taux de pauvreté, marquée par les fractures territoriales. Nous devons répondre à cette urgence sociale. Et pour cela, j’assume de dire que la décarbonation ne se fera pas sans croissance. Notamment pour répondre à deux objectifs vitaux : le logement et la réindustrialisation.

Emplois et souveraineté

En matière de logement, je rappelle que nous avons une croissance démographique de 50 000 personnes par an. Soixante-dix ans après l’appel de l’abbé Pierre, je ne me résous pas à ce que, chaque nuit, 118 000 personnes en Île-de-France soient en hébergement d’urgence et que tant de Franciliens soient mal logés. Notre priorité, c’est de construire plus et mieux !

En matière industrielle, les émissions de CO₂ des usines franciliennes ont fondu de 1,4 million de tonnes entre 2019 et 2023. Doit-on s’en réjouir, comme le gouvernement semble le faire en nous demandant d’aller encore plus loin dans la décroissance industrielle ?

À LIRE AUSSI Valérie Pécresse : « Toujours pardonner, jamais oublier » Soyons clairs : si les émissions « domestiques » baissent, c’est que nos dernières usines franciliennes ont presque toutes fermé. C’est une catastrophe sociale mais aussi environnementale, car un bien produit chez nous émet beaucoup moins que le même bien importé de l’autre bout du monde. Notre devoir, pour nos emplois, pour notre souveraineté, mais aussi pour la planète, c’est de réindustrialiser nos territoires avec une production locale, verte et vertueuse. L’État doit revoir sa copie !

Oui, nous sommes totalement engagés pour une France plus respirable et plus belle. Mais avec une écologie des solutions, adaptée à chaque territoire, bien loin du triptyque « centralisation, planification, injonction ». En écologie, comme dans l’olympisme d’ailleurs, la vérité est sur le terrain, pas dans les loges.