Un milliardaire qui ne se range pas derrière le duo Trump-Musk mais qui s’y oppose publiquement, ça n’est pas banal. Mais Abigail Disney a, derrière elle, un long passif. La petite-nièce de Walt Disney s’est engagée depuis longtemps dans la lutte contre une meilleure imposition des plus riches. Et le duo à la tête de l’Amérique est dans son viseur.

Donald Trump ? « Un héritier », rappelle-t-elle au Guardian. « Il ne l’admet jamais, mais il n’aurait rien pu faire de tout cela sans héritage. » Même traitement pour Elon Musk, lui aussi issu d’un milieu aisé, qui a lancé ses premières entreprises grâce à l’argent de son père. Et qui n’hésite pas à couper dans des programmes importants, comme le plan d’urgence du président pour la lutte contre le sida, qui aurait sauvé 25 millions de vies en fournissant des médicaments aux personnes atteintes du VIH et du sida dans le monde entier.

À LIRE AUSSI L’héritière Disney menace de retirer son financement si Joe Biden maintient sa candidature « Il y a des enfants séropositifs qui ne devraient pas l’être à cause d’Elon Musk. Maintenant. Pendant que nous sommes assis ici et que nous discutons », s’offusque-t-elle auprès de nos confrères. « [Trump et Musk] ne perdent pas de temps à éprouver de la honte, et la honte est une émotion vertueuse. Ce n’est pas une émotion dans laquelle on a envie de vivre, mais c’est une émotion qu’on a envie d’avoir comme motivation parfois. Et où est-elle ? Où est la honte ? »

« Nous avons laissé mourir » une société progressiste

La philanthrope de 65 ans parle avec d’autant plus d’assurance qu’elle est elle-même héritière. Mais elle estime qu’elle est riche « uniquement grâce à quelques bizarreries du système fiscal, à un peu de chance et à des grands-parents très aimants. Mais rien d’autre ». Aujourd’hui, elle entend participer à la reconstruction d’une opposition au président américain, sur lequel ses critiques sont nombreuses, estimant que, pour l’heure, « il n’y a aucun endroit où nous pouvons exprimer une dissidence visible ».

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« Je ne pense vraiment pas qu’il faudra beaucoup de temps pour que beaucoup de ceux qui ont voté pour lui le regrettent, surtout sur le plan économique », dit-elle. « Je pense que la situation va changer, et en attendant, nous devons vraiment travailler à la construction d’institutions. Associations noires, associations de quartier, associations de parents d’élèves – nous devons nous atteler à reconstruire ces espaces. Nous avons besoin des bases d’une société progressiste et dynamique. Nous l’avons laissée mourir », estime-t-elle encore, citant quelques politiciens démocrates montants, ou établis, comme Bernie Sanders et Alexandria Ocasio-Cortez.

À LIRE AUSSI La fin du monde approche : l’obsession des milliardaires de la Silicon Valley « [Donald Trump] a une masse critique de 35 à 40 % du public américain – ce qui est beaucoup trop – qui adhère totalement à sa cruauté, à sa dérision et à ses trollings », explique Abigail Disney. « Mais cela laisse tous ceux qui sont soit trop fatigués, soit trop aliénés ou étrangers au processus. » Une base sur laquelle se refonder, pense-t-elle. « Mais c’est à nous de travailler. »